28 mars 2010

• Fin d'un cycle

[...] Dans la vie, tout fonctionne par cycles. Et dans ma vie, ça fonctionne pareillement. Ce blog a été ouvert il y a 4 ans, c'était le début d'un cycle de plusieurs années. Il se referme aujourd'hui, comme un livre avec un début et une fin.
Merci aux 100.000 visiteurs qui se sont égarés ici, merci aux réguliers, ceux qui viennent chercher des nouvelles idées, des choses insolites, des compte-rendus d'expositions, de chasse-photo et de tout ce qui a constitué ce blog esthético-expérimental. Merci à ceux qui sont devenus des amis aussi.
L'aventure continue, et à la manière d'une spirale ascendante, un nouveau cycle démarre, avec de nouveaux sillons à creuser et des objectifs à tenir maintenant différents. Je ne serai pas loin, je serai ici, juste à côté, derrière l'écran, sur un autre support probablement, à jouer du nomadisme en d'autres lieux, et continuerai à narrer mes histoires sur le bidule le plus adapté à ce cycle naissant.
Bien à vous...

[+1::711]

16 mars 2010

• La Siesta, Bar Restaura


[...] Le cafetier travaillait à "La Siesta, Bar Restaura". Il se disait qu'il n'avait pas de chance, il avait acheté un cheval blanc, un cheval de Camargue. Pas de chance parce qu'il ne savait pas garer son cheval blanc de Camargue. Il avait une tente de cirque bleue rayée de blanc à côté de "La Siesta, Bar Restaura", avec un piquet à cheval blanc. Il se planta, en plantant son cheval blanc dessus. Ça semblait faire rire le cheval, mais quand même, il devait souffrir sur son piquet de tente bleue rayé de blanc. Tout en haut dans le ciel, quelqu'un avait peint une mouette. Rieuse, la mouette faisait semblant de voler, de planer, au-dessus du cheval blanc planté sur la tente, tout près de "La Siesta, Bar Restaura".


[+1::710]

10 mars 2010

• Dans le décor


Virée dans le sud, deuxième.
Au détour d'un virage (assez carré le virolo), un voiture rouge posée dans les vignes. Visiblement, un beau dérapage dans le virage, on saute le fossé en perdant quelques pièces de finition et de calandre en plastique au passage, on tape un poteau en bois, l'avant se plante une première fois dans la terre gelée, c'est le tonneau cul par dessus tête. Pas de blessés, une grosse frayeur et une épave qui refroidit gentiment dans le champ. J'ai du arriver une heure ou deux après la sortie de route.
C'est la troisième fois que ça m'arrive, l'avant dernière, c'était à l'époque où j'habitais à la campagne. Un matin, je pars travailler, et sur la petite route étroite et sinueuse, une Peugeot sur le toit, dans le champ longeant le chemin. Un peu de tôle calcinée, la voiture a du prendre feu dans la série de tonneaux.
La première fois, je suis arrivé quelques secondes après un accident, en fait, j'ai vu la Mercedes qui me précédait se faire percuter par l'arrière par un véhicule de livraison trop pressé. Résultat, la voiture qui monte en chandelle sur le talus et pars en tonneau en arrachant un petit arbre au passage. La camionnette, dans le choc, est allé se planter dans le rail de sécurité voie de gauche. Impressionnant. En arrivant sur le lieu après avoir vu l'accident à quelques mètres de moi, j'ai sauté de ma voiture pour secourir les occupants de la merco. Résultat, j'ai découvert une épave sans aucune vitre, le moteur chaud à 10 mètres de la carcasse, le conducteur sonné et la passagère qui hurlait. Une vision ubuesque et stressante. J'ai appris un peu plus tard qu'un suraccident s'est produit, un bolide n'a pas pu éviter le camion voie de gauche et est venu s'encastrer dedans. Bad day.
Ici, pas de stress, juste un film imaginaire qui se déroule dans la tête en voyant cette voiture rouge dans le fossé. Salamandre n'en a pas perdu une miette...
[+1::709]

9 mars 2010

• Escapes

[...]


Une grande virée avant le Printemps. Une grande virée vers le sud, sans but particulier si ce n'est de chercher la chaleur, la lumière, ça s'avérait nécessaire. Le sud et sa légendaire hospitalité. Envie de voir le soleil, c'était le maître-mot. Alors j'ai prévenu les personnes en contact que je ne serai pas là quelques jours, une semaine environ, pour recharger les batteries, pour faire le plein d'images, pour faire le plein de vide. Et encore plus au sud si nécessaire.

J'ai donc emmené le strict minimum dans mon unique cheval blanc de l'écurie l'Atelier. Strict minimum, c'est une brosse à dent, quelques changes, 2 boitiers photos et tout le matos, un GPS, et une connexion pour suivre le soleil en adaptant le parcours au jour le jour. Sans oublier Salamandre, qui a donc fait un tour de France et une incursion en Espagne sur... plus de 2600 kilomètres. Départ mardi soir dernier, retour aujourd'hui.

Une grande virée profitable, car être seul pendant les longues balades en Camargue, pendant la dégustation de Tapas à Barcelone, ou la contemplation du coucher du soleil sur la Dune du Pilat, ça vide le disque dur, ça relativise les tracas, les tensions, qui ont été nombreuses, comme tout le monde, pendant cet hiver sans fin.

Que dire d'Aix, si ce n'est que le soleil n'a pas été présent. Aix première étape, arrivé sous la pluie battante, quelle horreur. Aix et ses curieuses fontaines, dont une ravissait quelques japonais : jamais vus une source d'eau chaude ? Grands sourires.

Que dire d'Arles et de ses vieilles pierres encore debout. Le théâtre antique, et les arènes, en cours de restauration sous cette lumière éclatante...

Que dire de la Camargue un lieu où je me suis senti vraiment bien, avec des animaux partout, de l'eau et de la lumière, des couleurs extraordinaires. Une impression d'être chez moi, c'est bien la première fois.
Un apéro sur le Port de Stes-Maries-de-la-mer, et c'est parti pour Collioure, une magnifique carte postale, où on doit bien s'ennuyer un peu malgré tout, dans ce petit paradis.

Barcelone, j'ai eu aussi l'impression de connaitre, d'être près des gens, sans être agressé. Une odeur d'iode dans les rues des vieux quartiers, qui se mélange à l'anis, c'est fort agréable. Des images d'Italie de mon enfance qui me revenaient dans ce décor espagnol, avec tout ce linge multicolore aux fenêtres.

Le sud, c'est les linges aux fenêtres et les gens dehors. Italie, Espagne, beaucoup de ressemblances. Un soleil éblouissant là où j'étais, dans la campagne catalane, avec ses champs d'oliviers à perte de vue, les Pyrenées sur la ligne d'horizon, quelques bidons-villes le long des grands axes, et des prostituées - au demeurant assez jolies - en train de faire le tapin aux carrefours des petites routes, confort oblige, assises sur des chaises en rotin sous le cagnard.


Une grande transversale de Collioure à Arcachon, pour quitter la mer le matin et la retrouver le soir, où l'ascension de la dune du Pilat, de plus en plus abrupte, me laissera un souvenir violent. 3 heures avant, une peur et un retour à la réalité aux péages menant aux stades de foot, où tous les véhicules immatriculés en région parisienne étaient arrêtés et refoulés. Une impression étrange d'insécurité face à ces dizaines de véhicules de gendarmes, armés, bottés et sourcils froncés...

Salamandre a savouré le douceur de vivre du vieux Carcassonne, archi-plein de touristes anglais. Plaisir de déjeuner au soleil en chemise, manches relevées.

Arcachon, qui ressemble fort à la tristesse des stations balnéaires vidées de leurs flux touristiques en cette saison basse, le vent glacial en prime et 15 degrés de moins. Le bruit de fanions qui claquent et résonnent sur les bâteaux, serrés forts forts pour se tenir un peu chaud.

Un détour par la Faute, pour constater que les maisons aquatiques n'en étaient pas moins meublées d'objets aussi dérisoires qu'imcompatibles avec l'eau de mer en furie. Stockés dehors en attendant le ramassage exceptionnel des monstres.
Une dernière étape à la Rochelle, où déguster une sole meunière sur le port, face au soleil, est un délice que je réitérerai à coup sûr la prochaine fois.
Et entre chaque étape, la musique et les rubans de route à perte de vue, pour faire un saut de puce dans l'espace et le temps, vers une autre destination savamment choisie en fonction de la météo. Des kilomètres avalés, de point à point, et réaliser à quel point les vieilles villes ont un charme ravageur, et les zones industrielles et commerciales un air de désolation. Des papiers arrachés sur les panneaux publicitaires, les bâtiments qui se ressemblent tous, en bardage métallique du plus mauvais goût, de Arles à Toulouse, de Lyon à Poitiers. Nos contemporains auront vraiment réussi à cultiver le moche, et le parsemer homothétiquement aux abords des villes.

Au détour de montagnes, de collines, de vallées, de plus en plus d'éoliennes, majestueuses et énigmatiques (mais parfois aussi des centrales nucléaires, inquiétantes et lourdes).
Des arrêts impromptus debout sur les freins, pour déguster du paysage époustouflant au détour d'un virage, des contemplations douces, où on oublie que l'appareil photo trépigne, des balades à pied de plusieurs heures dans la garrigue encore hivernale, des centaines de photos ça et là, partout et nulle part, pendant cette semaine qui ressemble à un rêve éveillé, un échantillon rapide de tous les paysages de France, de tout ce qui peut résumer un pays, son terroir et ses autochtones. Des centaines de photos, dont la moitié en compagnie de Salamandre.

Retour au bercail (dans bercail, il y a caille, et oui, il fait très froid ici). Point de départ de renouveau, les batteries chargées à bloc. Une grande virée, donc, pour observer des flamands roses et redessiner les courbes des collines, constater que la France est un pays de vignobles, pleurer les grands arbres couchés de la tempête dans les Landes, et humer mille odeurs, admirer mille couleurs, plonger dans les reflets de l'eau luisante des soleils couchants, et se délecter des accents chaleureux, des sourires bienveillants, un peu partout, ici et là-bas...
[...]


[+1::708]