9 mars 2010

• Escapes

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Une grande virée avant le Printemps. Une grande virée vers le sud, sans but particulier si ce n'est de chercher la chaleur, la lumière, ça s'avérait nécessaire. Le sud et sa légendaire hospitalité. Envie de voir le soleil, c'était le maître-mot. Alors j'ai prévenu les personnes en contact que je ne serai pas là quelques jours, une semaine environ, pour recharger les batteries, pour faire le plein d'images, pour faire le plein de vide. Et encore plus au sud si nécessaire.

J'ai donc emmené le strict minimum dans mon unique cheval blanc de l'écurie l'Atelier. Strict minimum, c'est une brosse à dent, quelques changes, 2 boitiers photos et tout le matos, un GPS, et une connexion pour suivre le soleil en adaptant le parcours au jour le jour. Sans oublier Salamandre, qui a donc fait un tour de France et une incursion en Espagne sur... plus de 2600 kilomètres. Départ mardi soir dernier, retour aujourd'hui.

Une grande virée profitable, car être seul pendant les longues balades en Camargue, pendant la dégustation de Tapas à Barcelone, ou la contemplation du coucher du soleil sur la Dune du Pilat, ça vide le disque dur, ça relativise les tracas, les tensions, qui ont été nombreuses, comme tout le monde, pendant cet hiver sans fin.

Que dire d'Aix, si ce n'est que le soleil n'a pas été présent. Aix première étape, arrivé sous la pluie battante, quelle horreur. Aix et ses curieuses fontaines, dont une ravissait quelques japonais : jamais vus une source d'eau chaude ? Grands sourires.

Que dire d'Arles et de ses vieilles pierres encore debout. Le théâtre antique, et les arènes, en cours de restauration sous cette lumière éclatante...

Que dire de la Camargue un lieu où je me suis senti vraiment bien, avec des animaux partout, de l'eau et de la lumière, des couleurs extraordinaires. Une impression d'être chez moi, c'est bien la première fois.
Un apéro sur le Port de Stes-Maries-de-la-mer, et c'est parti pour Collioure, une magnifique carte postale, où on doit bien s'ennuyer un peu malgré tout, dans ce petit paradis.

Barcelone, j'ai eu aussi l'impression de connaitre, d'être près des gens, sans être agressé. Une odeur d'iode dans les rues des vieux quartiers, qui se mélange à l'anis, c'est fort agréable. Des images d'Italie de mon enfance qui me revenaient dans ce décor espagnol, avec tout ce linge multicolore aux fenêtres.

Le sud, c'est les linges aux fenêtres et les gens dehors. Italie, Espagne, beaucoup de ressemblances. Un soleil éblouissant là où j'étais, dans la campagne catalane, avec ses champs d'oliviers à perte de vue, les Pyrenées sur la ligne d'horizon, quelques bidons-villes le long des grands axes, et des prostituées - au demeurant assez jolies - en train de faire le tapin aux carrefours des petites routes, confort oblige, assises sur des chaises en rotin sous le cagnard.


Une grande transversale de Collioure à Arcachon, pour quitter la mer le matin et la retrouver le soir, où l'ascension de la dune du Pilat, de plus en plus abrupte, me laissera un souvenir violent. 3 heures avant, une peur et un retour à la réalité aux péages menant aux stades de foot, où tous les véhicules immatriculés en région parisienne étaient arrêtés et refoulés. Une impression étrange d'insécurité face à ces dizaines de véhicules de gendarmes, armés, bottés et sourcils froncés...

Salamandre a savouré le douceur de vivre du vieux Carcassonne, archi-plein de touristes anglais. Plaisir de déjeuner au soleil en chemise, manches relevées.

Arcachon, qui ressemble fort à la tristesse des stations balnéaires vidées de leurs flux touristiques en cette saison basse, le vent glacial en prime et 15 degrés de moins. Le bruit de fanions qui claquent et résonnent sur les bâteaux, serrés forts forts pour se tenir un peu chaud.

Un détour par la Faute, pour constater que les maisons aquatiques n'en étaient pas moins meublées d'objets aussi dérisoires qu'imcompatibles avec l'eau de mer en furie. Stockés dehors en attendant le ramassage exceptionnel des monstres.
Une dernière étape à la Rochelle, où déguster une sole meunière sur le port, face au soleil, est un délice que je réitérerai à coup sûr la prochaine fois.
Et entre chaque étape, la musique et les rubans de route à perte de vue, pour faire un saut de puce dans l'espace et le temps, vers une autre destination savamment choisie en fonction de la météo. Des kilomètres avalés, de point à point, et réaliser à quel point les vieilles villes ont un charme ravageur, et les zones industrielles et commerciales un air de désolation. Des papiers arrachés sur les panneaux publicitaires, les bâtiments qui se ressemblent tous, en bardage métallique du plus mauvais goût, de Arles à Toulouse, de Lyon à Poitiers. Nos contemporains auront vraiment réussi à cultiver le moche, et le parsemer homothétiquement aux abords des villes.

Au détour de montagnes, de collines, de vallées, de plus en plus d'éoliennes, majestueuses et énigmatiques (mais parfois aussi des centrales nucléaires, inquiétantes et lourdes).
Des arrêts impromptus debout sur les freins, pour déguster du paysage époustouflant au détour d'un virage, des contemplations douces, où on oublie que l'appareil photo trépigne, des balades à pied de plusieurs heures dans la garrigue encore hivernale, des centaines de photos ça et là, partout et nulle part, pendant cette semaine qui ressemble à un rêve éveillé, un échantillon rapide de tous les paysages de France, de tout ce qui peut résumer un pays, son terroir et ses autochtones. Des centaines de photos, dont la moitié en compagnie de Salamandre.

Retour au bercail (dans bercail, il y a caille, et oui, il fait très froid ici). Point de départ de renouveau, les batteries chargées à bloc. Une grande virée, donc, pour observer des flamands roses et redessiner les courbes des collines, constater que la France est un pays de vignobles, pleurer les grands arbres couchés de la tempête dans les Landes, et humer mille odeurs, admirer mille couleurs, plonger dans les reflets de l'eau luisante des soleils couchants, et se délecter des accents chaleureux, des sourires bienveillants, un peu partout, ici et là-bas...
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5 commentaires:

Line a dit…

salamandre s'en donne à coeur joie, que de belles images qui donnent goût au voyage, merci!!!

domino a dit…

Line > oui, et il ne s'agit que d'un extrait. J'ai du stock pour tenir jusqu'au printemps et pas mal d'idées pour une expo à venir :) Merci pour ton passage par là

Rénica a dit…

Je serais bien allée me ballader avec la salamandre ...jolis shots !

dominoo a dit…

Rénica > Ça donne envie de repartir aussitôt ces photos. Vivement le printemps :)

Marine Maneïde a dit…

Bonsoir
je souhaitais m'arrêter un instant sur votre blog, après avoir eu une de vos cartes de visites, avec pour image, celle d'un vieil hôpital psychiatrique abandonné. J'avais vu ces sublimes photographies, à la nuit des photographes de st Sulpice, ce 27 juin. Je suis vraiment stupéfaite devant la beauté de vos photos. Elles explorent la poésie des ruines, tout en nageant dans une simplicité des choses.
Sans vouloir vous ennuyer, je souhaite vous faire part de mon site de photo, où j'y affiche mes modèles humains, et mes natures mortes. En espérant qu'elles vous plaisent, http://wix.com/artetmonde/maneide

Je vous souhaite une très bonne soirée :)