• Brèves de Poste

Aller à la Poste, c'est toujours le coup de poker. Soit c'est bondé, soit c'est plein de monde. Maintenant, on prend des tickets à l'entrée, afin de mieux servir le client et canaliser le flux. L'appareil propose plusieurs choix selon le type d'événements à venir (paquet, lettre, café-crème, non pas café-crème) Juste devant moi, face à la fameuse machine, une toute petite vieille ronchon et son mari placide sont bloqués devant les choix de la bécane. Elle s'exclame (en hurlant) : "Tain, fait chier cette saloperie de machine de merde, j'y comprends rien du tout. Mais il faut que j'appuie où, où, OÙ ?. Mais dis quelque chose toi, tu dis rien. Ahhhh." Un employé de la Poste dépanne gentiment la personne, avec le sourire. Il se prend une volée de bois vert, la vieille lui hurle à nouveau à 5 cm du visage : "Ahh mais, c'est pas pratiiiiique votre truc de merde là, ca sert à rien. Fais chier, Marre hein. Archi-maaarre !!!". (j'entends dans les dents du postier, "Et allez, rendez service..."). Dans la Poste entière, silence de mort, tout le monde se retourne vers cette personne qui a un niveau de décibels inversement proportionnel à sa taille. Le brouhaha reprend, elle s'assied. Je regarde négligeamment mon ticket afin de le comparer au compteur. 437 sur le ticket. 456 sur le compteur. Bon. Patience. De temps en temps, un juron force 9. C'est la petite vieille qui hurle son mécontentement, à période régulière (en fait, à chaque décrément de compteur). Au bout de la troisième fois, un immense éclat de rire, à chaque juron hurlé dans la Poste. A quelques numéros de son échéance, des applaudissements, des rires, des regards qui se croisent, complices et amusés. Je crois bien que je n'ai jamais vu une ambiance pareille à la Poste.

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