20 janvier 2010

• Il faut sauver le soldat Planète

Quand j'étais petit, mon frère et moi goûtions dans la cuisine à 4 heures, un Gaston Lagaffe sur les genoux, et des verres de limonade servis bien frais avec les gâteaux. Et invariablement, nous entendions maman nous dire "arrêtez avec la limonade, quand il n'y en aura plus, y'en aura plus".
Et on riait en pensant à l'unison "ben ouais, c'est trop bon, et oui, tant qu'il y en a, on en boit".
Forcément, la bouteille y passait, et on se disait que notre maman magicienne allait en faire réapparaitre une autre au frigo au prochain goûter.
Un peu plus tard, lorsque je passais mon Bac, tout en militant avec mes copains libertaires contre le nucléaire, contre le service militaire et contre le mariage à l'église, cette histoire de limonade surgissait quelque fois du fin fond de ma mémoire, en me disant que si on polluait l'air qu'on respire, qu'on souillait l'eau que l'on boit, forcément, un jour, plus rien ne serait propre. (Certains ont même découvert que le feu ça brûle, que la neige c'est froid et que la politique ça pique, au passage).
Nota : j'imaginais même qu'à force de faire des trous et des galeries dans le sol pour en extraire tout ce qu'on y extrait (minerai, pétrole, eau, terre etc), les vents du sous-sol s'engouffreraient dans les trous de gruyère et feraient trembler la Terre.
Je me rappelle d'ailleurs avoir fait un (excellent) exposé (militant et écolo), en français, sur les risques du nucléaire, sur le fait que ça pouvait péter même (Tchernobyl n'était pas encore passé par là), que la garantie des déchets hautement toxiques stockés sur des milliers d'années était un pari un peu fou à l'échelle d'une vie humaine, et tutti quanti du haut de mes 18 ans, naïf et prêt à en découdre avec tous ces vieux adultes qui ne voient ni comprennent rien... exposé classé sans suite à l'époque. C'était mon avis, et je le partage.
Un peu plus tard encore, réformé de l'armée (forcément), ayant assisté avec effroi au désastre de Tchernobyl (et en se disant que ma théorie n'était pas si bête), le discours a commencé dans certains pays un moins en retard que nous à faire son petit bonhomme de chemin. Maintenant, on entend à tout bon de champ "Ça va sauver la planète", je ne suis pas sûr que ce type d'argument empêche les grands enfants (ou les ex-enfants) que nous sommes à boire sans soif toute la limonade, car tant qu'il y en a, on en veut...
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2 commentaires:

la fille de service a dit…

le côté "plus rien ne serait propre"... je pensais la même chose...surtout quand durant les ballades en forêt du dimanche avec mes parents on tombait sur les détritus de pique nique de gros dégueulasses... même encore maintenant ça me fait halluciner de voir ce qu'on peut trouver en forêt. La dernière fois j'ai ramassé un soutien gorge, un emballage de surgelés (?) et des jouets de gamins cassés... c'était juste après noel. Les gens n'en ont rien à foutre. Demain ils seront morts, la merde se sera pour les autres.

Je dis pas que je suis un exemple mais au moins j'essaye de faire de mon mieux... surtout que mon décor me donne envie de le préserver.
Bise Dominique

dominoo a dit…

lfds > merci. La liste est longue en définitive (invention des téléphones jetables, grr, ça m'énerve, délestage des centrales vers celles qui sont polluantes, suremballages inutiles, assechements de lacs en Afrique, etc etc), mais quand j'entends que des boites françaises réouvrent parce que lancer un bateau sur l'eau sur 10000km depuis la Chine, c'est plus cher et plus polluant que de produire sur place en Europe, je me dis que des bonnes nouvelles de bons sens réapparaissent, comme des bourgeons après un long hiver.